Lalla Fatouma TRAORE, MD, PhD a participé aux travaux de la Première conférence nationale sur la santé et le développement des adolescents au Nigéria, qui s’est tenue du 11 au 13 avril 2019, au Centre de conférence de l’université d’Ibadan.
Cette conférence, organisée par la Société pour la santé des adolescents et des jeunes au Nigéria (SAYPHIN) avait pour thème : « Ne laisser aucun adolescent de côté : faire progresser la santé des adolescents au Nigéria à l’ère des objectifs de développement durable ». A l’occasion, Dr Lala Fatouma, chercheure au Département d’Enseignement et de Recherche en Santé Publique et Spécialités (DERSP), de la Faculté de Médecine et d’Odontostomatologie (FMOS), a présenté un poster qui s’intitulait « Avortement et adolescents au Mali : que savons-nous ? »
Contexte :
Le taux de fécondité précoce au Mali est élevé : 172 pour les filles âgées de 15 à 19 ans. La contribution des adolescentes à la fécondité est de 12% en milieu urbain et de 15% en milieu rural. Le taux de mortalité maternelle est de 368 pour 100 000 naissances vivantes et 29,3% des décès maternels concernent des adolescentes. Les besoins non couverts par le planning familial sont de 23,3% pour toutes les femmes et le taux d’avortement est estimé à 19%.
Les méthodes :
Elle reposait sur une revue de la littérature, une enquête auprès des prestataires et des entretiens avec des informateurs clés.
Résultats:
Les informations disponibles sur les avortements au Mali sont limitées. Cependant, la pratique de l’avortement non médicalisé est un phénomène assez répandu. L’avortement non médicalisé et ses complications sont un problème grave au Mali. Les cibles présentent les profils sociodémographiques les plus variés et l’avortement se produit de plus en plus chez les adolescentes âgées de 12 à 19 ans. Le cadre juridique malien est restrictif et l’avortement, qu’il soit légal ou non, est pratiqué dans la clandestinité. Pour les prestataires, les valeurs personnelles et les normes professionnelles créent souvent un dilemme dans la fourniture des soins liés à l’avortement. Et le plaidoyer en faveur de l’avortement sans risque se heurte à de nombreux défis en raison de normes sociales et de croyances religieuses. L’avortement est aussi stigmatisant pour ceux qui pratiquent que pour les prestataires au Mali.
La majorité des membres interrogés estiment que l’avortement médicalisé devrait être autorisé ou légalisé pour sauver des vies (78,57%) ou en cas de viol ou d’inceste (78,6%), de malformation fœtale (92,9%). Une minorité estime que l’avortement doit être autorisé à préserver la santé physique de la femme (28,6%) ou à préserver la santé mentale de la femme (7,1%). Aucun des répondants ne pense que l’avortement devrait être légal pour des raisons économiques ou sociales (0%) ou toujours à la demande (0%). Un répondant pense que l’avortement ne devrait jamais être autorisé
Conclusion :
Le cadre juridique et la stigmatisation rendent difficile une documentation adéquate et fiable sur l’avortement. Cependant, cela ne masque pas l’ampleur de la pratique et ceci chez les adolescents et les jeunes. Pour renforcer le plaidoyer en faveur de la réduction des avortements non médicalisés, différentes parties prenantes doivent travailler ensemble à tous les niveaux pour influencer l’accès à un avortement médicalisé.
Ibrahima DIA, Communication Officer-FMOS-DERSP