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Professeur Aly Douro Tembely : « Au Mali, on estime que le nombre de femme courant le risque d’une fistule, se situe entre 1804 et 2405 par an… »

La Fistule Uro-génitale Obstétricale (FUGO), est une communication anormale entre les voies urinaires et l’appareil génital féminin, a-t-on appris auprès duPr Aly Douro Tembely, Chef du Service d’Urologie du CHU du Point G et professeur-titulaire d’urologie à la faculté de Médecine et d’Odontostomatologie (FMOS).

C’était lors de la cérémonie d’ouverture de la 20eme édition de la semaine de santé de l’association Santé Plus Commune VI, le 29 juillet 2019, au centre OlympAfrica de Banankabougou. Le thème de cette semaine de santé qui s’est déroulée du 29 juin au 6 juillet 2019, portait sur « la Fistule Obstétricale : cause de rejet dans la communauté ».

Aux dires du conférencier, chaque année dans le monde, 50 000 à 100 000 femmes présentent une fistule obstétricale (selon l’OMS), et au Mali, le nombre de femmes qui courent le risque de fistule par an, se situe entre 1804 et 2405. « L’aide obstétricale à l’accouchement est très faible au Mali, seulement 7,8% ; 28% d’accouchements assistés dans des structure (Annuaire statistique 2015) …nous avons également constaté que la majorité des patients se sont mariées entre 15 à 18 ans. », a-t-il estimé.

Dimensions sociales des fistules

Selon professeur Tembely, le mariage précoce suivi d’un accouchement, est un facteur non négligeable dans la survenue de la fistule obstétricale car le bassin immature et étroit constitue une source de dystocie. « La fistule est un fléau social qui doit être classé comme maladie sociale, sa prise en charge doit être gratuite ; c’est une maladie qui paralyse, invalide et qui est suivie d’écoulement permanent d’urines et/ou de selles », a-t-il indiqué. Il poursuivra pour dire que 15% des victimes de fistule avaient un âge inférieur à 18 ans.

Conséquences des fistules obstétricales

Les conséquences de cette pathologie sont énormes sur les femmes, la marginalisation, l’isolement, l’abandon progressif de la femme victime de fistule au profit d’une autre femme se terminant souvent par le divorce. En outre, la réduction du temps de travail de la patiente par la lessive pour se rendre propre, la réduction de son pouvoir d’achat due à la limitation de rapports sociaux, le traumatisme psychologique causé par l’espoir et/ou, l’obsession de guérir, en font partie. « Seules face à leurs tristes sorts, donc la PEC doit être médico-chirurgicale et sociale », ajouta-t-il.   

A quoi consiste la prise en charge sociale ?

Pour le Chirurgien urologue, garantir le transport, l’hébergement, vêtement, le coût de médicaments, assurer le coût de la chirurgie, aider à l’insertion sociale, le retour à la case de départ consistent à prendre en charge les femmes porteuses de fistule. La non prise en charge de ces femmes, précise-t-il, occasionne l’isolement, la détérioration de l’état de santé, la dépression, la psychose…

Centre « OASIS », pour redonner vie et espoir aux porteuses de fistule

Avec l’appui de la Fondation Partage, de Mme Adam Ba Konaré, ex-Première Dame du Mali), le CHU Point G est doté depuis 2000, d’un Centre médico-social de référence dans la prise en charge des fistules obstétricales au Mali. Ce centre est l’initiative du Prof kalilou Ouattara chef de service à l’époque (1997) et du professeur Tembely Aly (à l’époque Docteur), qui ont réussi à faire accepter à Mme Adam Ba Konaré de la fondation partage, leur proposition en centre d’accueil et de PEC de la fistule obstétricale, au lieu d’un centre d’apprentissage de métiers de femmes.

Symboliquement baptisé “Oasis“, le centre a pour but le recrutement, la réinsertion et la prise en charge des femmes porteuses de fistule, à travers le service d’urologie.

Ibrahima DIA, Communication Officer-FMOS

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